LE PREAMBULE DE LA TAUPE
L’histoire de la taupe se découpe en 2 parties :
- Histoire sous-terraine : phénomènes cachés -> histoire économique rejetée par l’histoire de
grands hommes (forces économiques qu’on ne voit pas). Ce sont les rapports de force
souterrains qui ont façonné le monde tel qu’il est aujourd’hui.
- Histoire vue d’en bas : les grands hommes sont le produit des forces souterraines où le
monde lui autorise à côté d’une société de masse anonyme (rapports sociaux).
À quoi bon répertorier dans un pré les taupinières, ces petits monticules de terre émiettée que font
les taupes lorsqu’elles émergent, les compter, les décrire, les mesurer… si l’on ne sait pas pourquoi
les font ces taupes, si l’on ne cherche pas à déceler et retracer leur parcours souterrain
LA REVOLUTION FRANCAISE
La grande Révolution résume l’ensemble des composantes du passé et des forces de l’avenir qui se
retrouvent en présence : noblesse et clergé (féodalisme), monarchie (absolutisme royal), paysannerie
asservie (soulèvements agraires), bourgeoisie montante (capitalisme), artisans et ouvriers des villes
(formes initiales de socialisme). La Révolution Française a été fondatrice du monde contemporain.
Elle représente les forces de l’avenir et un moment d’accélération.
Les causes de la Révolution
En France, dès la fin du XVIe siècle, se renforce le pouvoir de monarques qui représentent la
féodalité mais qui s’opposent à l’ensemble de la structure féodale « parcellisée » qu’ils veulent
contrôler et centraliser. Ce conflit va permettre à la monarchie tout au long du 17 ème siècle de se
renforcer avec Louis XIV.
La bourgeoisie apparaît donc à cette période. Cette centralisation est susceptible de briser le
corsetage corporatif de la production et les barrières douanières qu’imposent les petits États
féodaux.
Louis XVI apparaît comme un roi faible en comparaison avec ses prédécesseurs. L’« allié extérieur »
bourgeois se presse maintenant aux portes du pouvoir, y revendique d’y prendre place et de
l’organiser lui-même.
1776 : Turgot, ministre des finances du gouvernement de Louis XVI, qui défend les intérêts de la
bourgeoisie montante, veut imposer toute une série de réformes dont la liberté de commerce et
d’industrie. Il sera évincé. Il contredit l’idée que la France aurait pu alors se réformer vers un
changement de pouvoir car les réformes sont impossibles parce que la structure est bloquée et
incapable de se réformer d’elle-même.
La Révolution va faire disparaître ce monde millénaire, ouvrant ainsi des rapports de forces neufs qui
embraseront le monde que l’Angleterre domine alors.
La mise en place de l’État moderne anglais a été le fruit d’un processus en trois étapes :
- le siècle des Tudors d’abord qui avait transformé la structure féodale sur base des avancées de la
production capitaliste (la laine et l’industrie textile) ;
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,- un sursaut contestataire, à l’intérieur de la volonté de reprise en main de la structure féodale
sous les Stuart, qui va durer dix ans (la République de Cromwell) ;
- la révolution de 1688, la « Glorious Revolution »
Dans les Pays-Bas autrichiens, dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, Joseph II, le souverain
autrichien réduit les droits et les biens de l’Église, supprime les corporations, les droits de douane, les
droits féodaux, les privilèges aristocratiques, favorise la bourgeoisie aux dépens de la noblesse…
À l’inverse, la Révolution française sera un phénomène à la fois court, profond et brutal. 1789 est
loin d’être la seule année de la Révolution française et moins encore le 14 juillet sa seule journée.
Les grands bouleversements dureront pas moins de cinq années, jusqu’à l’été 1794, le « tournant
de Thermidor » (coup d’arrêt)
Les Etats Généraux
Il s’agit en fait de la réunion des représentants des 3 ordres (chaque région envoie ses représentants)
qui constituent la société française d’Ancien Régime :
- 2 ordres privilégiés qui ne payent pas d’impôts, jouissent de tous les privilèges et possèdent
la terre : le clergé et la noblesse
- Le 3ème, qui regroupe l’ensemble de la population française à l’exception de ces privilégiés, ne
porte pas de nom : on le désigne comme le tiers État (le 3 ème ordre). Il compte + de
représentants que les 2 autres ordres réunis.
Les États généraux se réunissent en 1789. Ils débattent de la question des impôts, alors que les
caisses sont vides et trouées. À travers ces États généraux, la bourgeoisie a enfin la possibilité de
réclamer une taxation des 2 ordres privilégiés, dispensés de toute imposition. Une question s’y pose :
celle de savoir si l’on va voter « par ordre » ou si l’on va voter « par tête » :
- Dans le cas du vote par ordre, s’il y a dans un ordre une majorité qui se prononce pour une
solution, cette majorité en forme la voix unique. Dans cette perspective, les 2 ordres
privilégiés peuvent facilement l’emporter (2 ordres contre 1)
- Par contre, dans l’optique du vote par tête, le tiers État avait toutes ses chances de vaincre. Il
détenait plus de la moitié des représentants de ces États généraux et pouvait compter sur les
voix de nobles libéraux ainsi que sur une partie des curés sensibles aux intérêts populaires.
Juin 1789 : « Serment du jeu de paume » : Il s’y proclame l’Assemblée nationale. Il s’agit du serment
des représentants du Tiers État, de certains nobles et représentants du clergé, qui jurent de ne pas se
séparer avant d’avoir obtenu gain de cause. Cet évènement décrit une volonté de la bourgeoisie de
se considérer comme le représentant unique du peuple français. (1ère révolution)
La Révolution
13 juillet 1789 : Le « petit peuple » de Paris (les Sans-Culottes) se soulève et entre en insurrection
14 juillet 1789 : « Prise de la Bastille » : Après avoir pris d’assaut l’Hôtel des Invalides qui renferme un
arsenal et s’être emparé des armes, le « petit peuple » se porte à la Bastille pour s’emparer de la
poudre qui y était entreposée => la Révolution sera celle d’une population en armes.
Nuit du 04/08/1789 : Abolition des droits et privilèges féodaux : C’est confronté aux mouvements
d’insurrection qui embrasent partout la France, par la crainte de la sédition populaire partout
présente, sur fond de châteaux en flammes, que cela a pu aboutir.
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,Pourquoi l’Angleterre est-elle l’allié de la Prusse contre la France ?
L’Angleterre est capitaliste et donc si on s’unit contre des catégories sociales, elle prend la place de
l’autre. Il vaut mieux éviter cela. Il s’agit d’une constante politique anglaise. Sa domination doit être
maintenue. Le capitalisme ne peut pas apparaître ailleurs sinon cela n’est pas possible.
L’Autriche débarque en France mais l’Autriche perd. En septembre 1789, la République est
proclamée (la Révolution d’août 1789 a proclamé cela).
1789 en Belgique : la Révolution brabançonne et la révolution liégeoise
La Révolution française va induire des soulèvements à Bruxelles et à Liège.
La Belgique est divisée en 2 territoires distincts :
- La Principauté ecclésiastique de Liège
- La domination autrichienne : Liège, Flandres, Namur et Hainaut
La domination autrichienne est représentée par 2 personnages :
- Vonck représente la jeune bourgeoisie belge, exclue des sphères de décision, qui réclame
pour elle seule le pouvoir sur ses terres ;
- Van der Noot est le leader des « statistes », ces forces d’Ancien Régime. Ils veulent un retour
en arrière, un régime féodal et s’opposent au réformes impériales.
Les 2 parties s’unissent en 1789 dans la perspective de renverser l’ennemi commun (l’Autriche). Elles
triompheront en parvenant à instaurer les États belgiques unis. Mais une fois la révolution faite, ils
vont se rediviser. Les réactionnaires statistes n’auront aucun mal à l’emporter sur les vonckistes
progressistes qui, méprisant le « petit peuple », se retrouvaient déforcés en nombre.
À la différence des révolutions liégeoise et française donc, la révolution brabançonne tend à faire
tourner l’histoire en sens inverse, à revenir en arrière.
En 1790, l’Autriche renverse les États belgiques unis et restaure le pouvoir impérial. Ce ne sera pas
pour longtemps : les armées levées en masse de la France révolutionnaire les renverseront en 1792.
Dorénavant, la Belgique aura son sort lié à la France.
1789-1792 en France : constitutionnalisation de la monarchie
En France, vont apparaître des conflits entre bourgeoisie et noblesse et la sans-culotterie d’autre
part.
À l’extérieur des frontières, la noblesse française, soutenue par les puissances d’Ancien Régime
(Autriche, Prusse, Angleterre bourgeoise) fomente une guerre. L’Angleterre les soutient car elle
perçoit très mal la Révolution française, voyant en la France une nouvelle puissance moderne
susceptible de la concurrencer.
En juin 1791, Louis XVI avait tenté de rejoindre les forces de la contre-révolution (la « fuite de
Varennes ») mais sera arrêté et ramené à Paris. La monarchie, qui vient ainsi de se manifester
ouvertement par un acte de haute trahison caractérisé contre son propre État, sera rétablie pourtant
dans ses prérogatives. Il faudra attendre la deuxième révolution, celle du 10 août 1792, pour que la
monarchie, soit « suspendue », et attendre encore, une fois la guerre déclarée, la victoire de la
France révolutionnaire à Valmy un mois et demi plus tard pour qu’on l’abolisse au profit de la
République.
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, La révolution de 1792, la Convention girondine et la République
Le 10 août 1792 : nouveau soulèvement de la population française. C’est une nouvelle révolution.
Les sans-culottes parisiens prennent d’assaut les Tuileries où se réunit l’Assemblée législative. Cela
permettra de renverser cette assemblée bourgeoise. Cette deuxième révolution dans la Révolution
en radicalise le cours. Elle donne naissance à une nouvelle assemblée, la Convention, qui est élue au
suffrage universel.
La CONVENTION GIRONDINE comprend les représentants de la bourgeoisie (les Girondins). Elle
rompt ainsi avec les forces d’Ancien Régime et se prépare à mener la guerre. Les puissances d’Ancien
Régime pénètrent sur le territoire français. L’armée révolutionnaire française, levée en masse,
renversent les armées étrangères à Valmy en septembre 1792. Cela permettra de proclamer la fin
définitive de la monarchie française.
Le calendrier républicain, constitué de 12 mois de 30 jours chacun est créé. Ces mois sont divisés en
3 semaines de 10 jours. On veut se séparer de la tradition religieuse. Il n’y a donc plus de 7 ème jour et
donc plus de semaines catholiques car cela fonctionne avec 9 jours de travail pour 1 jour de repos.
Cela est donc + rentable pour les bourgeois car les ouvriers travaillent +.
La République dominée par la bourgeoisie girondine, si elle en finit avec les forces de l’Ancien
Régime, ne se préoccupe pas de répondre aux revendications populaires qui l’ont mise au pouvoir.
La révolution de 1793 La Convention montagnarde et le Comité de Salut
public
Dans les journées des 31 mai et 2 juin 1793, les sans-culottes partent à l’assaut de la Convention
girondine. Ce sera la troisième révolution dans la Révolution. Cette fois-ci, c’est une bourgeoisie
radicalisée qui comprend que l’action populaire est nécessaire à la poursuite de la révolution. La
CONVENTION MONTAGNARDE, qui succède à la girondine, est celle où émergeront les leaders de
cette phase de radicalisation de la Révolution, ceux du Comité de Salut public : Robespierre. Sous la
Convention montagnarde sera votée la Constitution de 1793.
Sous Robespierre, des réformes qui contredisent les idées du libéralisme bourgeois sont mises en
œuvre et il y a par exemple un « maximum » de prix au-delà duquel le pain et les autres denrées de
subsistance ne peuvent être vendues. C’est ce que réclame la population urbaine. Mais il faut aussi
concéder aux entrepreneurs un maximum sur les salaires, qui le réclament en contrepartie du
maximum sur le prix des marchandises.
Dû au mécontentant de la population pauvre dont le niveau de vie se détériore, a lieu la chute de
Robespierre : si le maximum sur les denrées alimentaires est mal appliqué, celui sur les salaires est
par contre facile à mettre en œuvre (ce sont les patrons eux-mêmes qui l’appliquent).
La bourgeoisie parvient à faire tomber Robespierre, pour diriger à son seul profit l’État le 27 juillet
1794. C’est ce que l’on appelle le « coup d’État de Thermidor, ou encore le « tournant de Thermidor
». C’est le coup d’arrêt de la radicalisation de la révolution. La grande bourgeoisie d’affaires reprend
pour elle seule la direction de l’État (Convention thermidorienne). L’Etat reste une république.
Elle étouffera toutes les contestations populaires en renforçant et en concentrant le pouvoir sous le
Directoire à partir de 1795. L’ordre bourgeois règne en maître. Les expéditions et les expériences
militaires prennent une nouvelle ampleur : la grande bourgeoisie française se lance maintenant à la
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