L’épiscopat des Gaules des VIe et VIIe siècles contraire à la loi canonique, mais est tout de même accepter par certains. Plusieurs
conciles vont légiférer sur la question, notamment le concile d’Orléans en 549 où il est dit
Au VIe, le christianisme est implanté depuis longtemps en Gaule et la population gauloise que « l’assentiment du roi doit être conforme à l’élection ». Ce concile limite donc
est en grande partie convertie depuis l’action de Saint Martin. Lorsqu’ils arrivent en Gaule, l’intervention de la potestas royale, appelée l’ordinatio royale, même si celle-ci reste
les francs sont touchés par la religion chrétienne et ne rencontrent qu’une seule présente dans les faits. La multiplication des conciles sur cette question va permettre à
puissance, les évêques. En rejetant le paganisme et en attaquant l’arianisme pour le l’épiscopat de légiférer en droit canon et ainsi de renforcer la législation canonique par la
catholicisme, Clovis a choisit le soutien de l’épiscopat, ce qui apparaît comme une collecte et l’actualisation des anciennes collections canoniques :
obligation du fait de la puissance de celui-ci. Ainsi, la dynastie va offrir aux évêques une La Dionysiana : sur l’ordre du pape Gélase par Denys le petit, traduction du grec au latin.
grande aide dans le processus de christianisation, comme les empereurs chrétiens avant Les Statuta Ecclesiae Antiqua : collection qui rassemble les décisions conciliaires prises
eux, sur le modèle de Constantin. Mais les autorités religieuses du VIe craignent toujours dans les Gaules.
le retour du paganisme, d’autant que l’encadrement des fidèles et les structures de Cette activité législative a pour but de renforcer le pouvoir de l’évêque et d’unifier l’Eglise
l’Eglise sont encore faibles. L’Eglise franque est épiscopale et conciliaire, c’est à dire que des Gaules. Le roi intervient aussi pour favoriser l’unité de l’Eglise en accordant des
les deux institutions que sont l’épiscopat et les conciles fonctionnent régulièrement. immunités, qui sont des privilèges royaux qui libèrent le territoire de l’évêque de la tutelle
Depuis le IVe, quand l’empire est devenu chrétien, l’Eglise des Gaules s’est développée sur royale. Ainsi, aucun agent royal ne peut exercer sa potestas sur ce territoire. En
le modèle de l’administration civile : chaque cité a une église, dirigée par un évêque qui a conséquence, c’est l’évêque qui va exercer la fonction comtale et qui a donc le
l’autorité. Cet évêque relève d’un métropolitain qui siège dans le chef lieu de la province. gouvernement temporel et la justice sur son territoire ainsi que le rôle de prélever
Au début du VIe, le réseau épiscopal est en place dans le sud, même s’il doit faire face aux l’impôt. La politique des immunités va donc dans le sens d’une paix du royaume et du
Wisigoths et aux Burgondes. Par contre, le réseau est plus lâche au Nord. Pour étudier salut du peuple. L’épiscopat est donc très puissant puisqu’il cumule des pouvoirs spirituels
l’épiscopat du 6e et 7e, j’ai choisi deux dates butoir : 498 : le baptême de Clovis, qui fait et temporels et jouit d’une grande auctoritas. Mais on va voir que les rois vont s’immiscer
entrer la Gaule dans un royaume chrétien, et 751 : c’est un peu large, mais c’est la fin des de plus en plus dans l’épiscopat.
Pippinides et le début du règne des carolingiens. Les nombreux événements politiques de
cette époque et la conversion de Clovis ont touché le christianisme, on peut donc se Le second siècle mérovingien (614-751)
demander en quoi l’influence mérovingienne a bouleversé l’épiscopat gaulois au VIe et
VIIe siècles. C’est dans cette optique que nous étudierons dans une première partie les En 614, après avoir unifier le royaume, Clotaire II réunit le concile de Paris, qui marque la
rapports entre le roi et l’épiscopat. Puis nous verrons l’ordre ecclésiastique pour enfin volonté du roi d’unifier l’Eglise (qui a subit les nombreux problèmes politiques). C’est le
évoquer le rôle et les valeurs des évêques. concile le plus important de la royauté mérovingienne au niveau du nombre des évêques :
12 métropolitains sur 15 et 67 évêques sur 80, ce qui en fait une « spectaculaire
manifestation de l’Eglise Franque » selon Fliche. Il s’agit en fait de deux réunions : la
I - Le roi et l’épiscopat première traite des affaires ecclésiastiques, l’autre des problèmes séculiers. Différentes
réformes sont adoptées :
Les premiers temps mérovingiens 511-613 Réaffirmation du principe de liberté des élections épiscopales : le métropolitain procède
au sacre après l’élection par le clergé et le peuple. La simonie est interdite.
A l’époque, la loi canonique reconnaît la totale liberté de l’auctoritas épiscopale. Ainsi, Les causes opposant un laïc et un clerc sont examinés en premier lieu par l’évêque.
l’accession à l’épiscopat se déroule en 2 temps : d’abord, l’élection clero et populo qui est Les biens de l’Eglise sont inviolables.
le choix unanime et libre des clercs et du peuple. Ensuite vient la consécration par Ainsi, le canon 2 du concile rappelle les 2 étapes dans l’élection d’un évêque : elle doit
l’évêque métropolitain. Les évêques luttent contre toute intervention d’une potestas dans être clero et populo et suivie de la consécration par l’évêque métropolitain. Il est affirmé
cette accession (L’argent peut aussi entacher cette élection, puisque certains s’adonnent à qu’aucune potestas ne viendra contrer l’auctoritas épiscopale, ce qui vise bien
la simonie, l’achat de charges ecclésiastiques.). On peut citer l’exemple de la lettre de trois l’intervention royale dans l’élection. Le canon 5 continue à lutter contre le roi en matière
évêques ( Héraclius de Paris, Léon de Sens et Théodose d’Auxerre) à Rémi de Reims, à qui religieuse, puisqu’il précise que l’ordre ecclésiastique a toute autorité sur les membres de
ils reprochent d’avoir consacré prêtre un homme sur l’ordre de Clovis, ce qui ne respecte l’Eglise, ce qui revient à empêcher l’élection d’agents royaux. Une semaine après, le roi,
pas la liberté de l’élection. Rémi se défend en affirmant que le roi est le chef de la religion, en tant que princeps, promulgue un édit en reprenant les canons du concile. Cependant, il
il est praedicator de la foi catholique et son défenseur. Cette intervention royale est y modifie les règles et affirme que le roi peut intervenir dans l’épiscopat, sa potestas
, intervenant dans l’élection épiscopale. C’est le début de l’intervention royale dans le droit mais exclu du corps épiscopal (il ne peut siéger aux conciles et consacre d’autres
canon et la fonction des clercs. Alors que les évêques voulaient affirmer leur autonomie et évêques). On s’aperçoit qu’au fil des conciles mes prérogatives du roi augmentent au
leur autorité par ce concile, ils semblent finalement avoir accepter la décision de Clotaire détriment du rôle religieux de l’évêque.
II : l’intervention royale dans l’élection. Les évêques vont même jusqu’à remercier le roi
lors du concile de Vichy de 626. Pour se justifier, ceux-ci vont parler du roi comme un On voit donc bien que l’intervention royale a des conséquences sur le choix des évêques
nouveau David : le roi « comme ce grand David, gouvern(e) de par une grâce prévoyante et sur l’activité conciliaire. Ainsi, l’aspect religieux de la fonction épiscopale semble
l’empire du royaume […] (et) accompli(t) un ministère prophétique ». On a ici l’origine de corrompu. On va voir que les évêques sont les héritiers de la tradition apostolique et
la théocratie royale : le roi sait ce que Dieu veut et peut intervenir dans l’ordre tentent donc de préserver cet aspect religieux.
ecclésiastique. Cette collaboration entre le roi et l’épiscopat va continuer sous les fils de
Clotaire II et dans le royaume de Chilpéric « c’est le choix d’un clerc pour un siège
épiscopal qui est une exception » selon Grégoire. Quand Childebert II arrive au pouvoir en
Austrasie, c’est encore pire puisqu’il installe des hauts fonctionnaires sur les sièges
épiscopaux et que la corruption et la simonie sont très présentes. Ce lien va pousser le roi II – Les héritiers de la tradition apostolique
à accorder encore plus d’immunités, à tel point que parfois les évêques pourront
administrer toute la cité et même choisir le comte. Cela prouve que cette intervention est Dans la théologie, il y a trois éléments qui définissent la fonction d’évêque :
néfaste pour le côté religieux de la fonction de l’évêque, ce qui va entraîner une réaction. La titulature : elle est attribuée par l’élection et donne le droit au siège.
Le pouvoir d’ordre : conférée par l’imposition des mains et donne les pouvoirs
Les conciles : la réaction de l’épiscopat sacramentels.
La juridiction : confère l’autorité spirituelle et administrative sur le territoire qui lui
A l’époque mérovingienne, une vingtaine de conciles se tient et Clovis est le premier revient.
souverain a en convoqué un lui-même. La réaction de l’épiscopat aux élections est assez
faible : en 533, à Orléans, la simonie est condamnée et on stipule que le métropolitain Leur rôle religieux
doit être élu par les évêques de la province, les clercs et le peuple. Le concile de Clermont
de 535 et le concile d’Orléans V en 549 impose un délai d’un an pour qu’un laïc accède à Les évêques ont une charge de pasteur, ils ont reçu un ministère et sont les successeurs
l’épiscopat, sanctionne la simonie par l’excommunication et reconnaît la confirmation des apôtres, c’est la tradition apostolique. Leur rôle est de diffuser la Bonne Nouvelle :
royale dans l’élection (cum volontate regis, selon Fliche), ce qui est une mesure de tous les hommes peuvent être sauvés. Les évêques bénéficient donc du charisme et de la
prudence pour tenter de limiter l’intervention royale, ce qui aura l’effet inverse, car cela grâce de Dieu. Cela leur permet d’être les garants de l’unité de l’Eglise, en luttant contre
devient un principe. En 558, le concile de Paris ne fait pas allusion à l’assentiment du roi, les hérésies et en faisant en sorte qu’un maximum d’Hommes soit sauvés. Les évêques, en
ce qui prouve que la résistance des évêques est faible. Mais à la fin du VIe, la violence les tant que successeur des Apôtres, sont en plus responsables de la conversion et de la
troubles politiques ont rendu difficile la réunion de conciles généraux, même si le premier christianisation et enseignent donc le dogme trinitaire défini à Nicée en 325. Il délivre
acte de Clotaire II après son avènement est de convoquer le concile de Paris en 614, puis aussi les sacrements aux fidèles, dont l’eucharistie, le baptême, la confirmation et la
celui de Clichy en 626, mais ceux-ci n’auront aucun rôle constitutionnel. Cependant, leur pénitence, mais peut déléguer certains de ces sacrements aux prêtres. Il faut savoir que
rôle est quand même important puisqu’il permet le renforcement de l’épiscopat en « la célébration du culte et la délivrance des sacrements (associées à la prédication) sont
général et l’unité du groupe par rapport à l’activité législative. De plus, la réunion des les outils de la christianisation » (R. Le Jan) pour l’évêque : on peut donner l’exemple du
évêques libère leur parole car il est plus facile pour eux de s’opposer au souverain en recueil des sermons de Césaire d’Arles, qui a connu une grande diffusion au VIe et VIIe et
groupe. Ainsi, les conciles sont l’occasion pour l’épiscopat de marquer son désaccord avec qui s’ajoute à la tradition hagiographique pour christianiser le peuple. De même, l’évêque
la monarchie et parfois de limiter les pouvoirs de celle-ci en matière religieuse. On va assure la liturgie et doit instruire son peuple tous les dimanches et jours fériés et assume
prendre pour exemple le concile de Paris III (567-573). Après la mort de Caribert, sa partie aussi des fonctions charitables à l’égard des veuves, des orphelins et des fugitifs (parfois,
du royaume est convoitée par ses frères. On décide alors qu Paris n’appartiendra à les évêques sont ascètes, dans la tradition martinienne, et thaumaturges, c’est à dire
personne, ce qui en fait une ville idéale pour un concile. Le problème de l’élection de qu’ils guérissent les malades). Pour ces différentes taches, les évêques sont assistés des
l’épiscopat est toujours débattu et on rappelle alors l’élection clero et populo et que le roi diacres ou des prêtres. Ainsi, une des principales préoccupations des évêques était de
ne peut imposer un candidat. S’il le fait, l’évêque n’est plus déposé comme auparavant, contrôler l’ordination des prêtres, à qui il donnait délégation pour prêcher, conférer
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