Texte (Amber) :
L'argument que je vais discuter est le suivant:
“Le général Jouhaud, Messieurs, est un pied-noir. Il partage les sentiments d’amertume et
d’indignation qu’on vous a exprimés tout à l’heure. Lorsqu’on a parlé à ces Algériens, on
s’aperçoit, voyez-vous, que ce qu’il y a de plus cruel pour eux ce sont moins ces
abominables brimades, ces cruautés auxquelles participe maintenant l’ordre français, que le
sentiment affreux dans lequel ils se trouvent qu’ils sont abandonnés par la patrie française.
J’ai reçu à cet égard des confidences bouleversantes.
Quand on est venu se mettre sous la protection de la France, comme la plupart de ces
gens-là qui sont venus d’ailleurs, comme ceux qui sont venus après les révolutions de 1830,
après les révolutions de 1848, après la Commune, comme ceux qui ont été expulsés
d’Alsace-Lorraine, qui sont venus planter leur tente, cultiver des propriétés, qui ont assis leur
fortune, installé leur famille là-bas, tout cela parce qu’ils étaient sous la protection de la
France, la France de la Révolution, la France de la liberté et de l’égalité, alors, lorsque ces
gens s’aperçoivent que la protection sur laquelle ils avaient compté n’existe plus, qu’ils sont
des proscrits, qu’on les renie, qu’on les insulte, ces gens-là, ils ne peuvent plus le supporter.
Le général Jouhaud est de ceux-là, et cela suffirait à expliquer qu’ils se soient alliés à
l’insurrection.”
Interprétation (Amber) :
Dans le texte, l'avocat nous dit que les Algériens ont été rejetés par la France. Ils ne
pouvaient plus compter sur aucun soutien du pays. Le maître dit que cela a causé le plus
grand chagrin aux Algériens. L'avocat ne nie pas que de terribles harcèlements ont eu lieu,
mais affirme que la perte du soutien de la France les a touchés plus durement. Les
Algériens sont venus en France pour que leurs familles puissent vivre dans de meilleures
conditions. Mais quand ils sont arrivés, ils ont vu qu'ils ne pouvaient pas compter sur cela.
Selon l'avocat, c'est la pire chose qui leur a été faite et non les actes dont Jouhaud était
complice.
Je trouve cet argument très fort car l'avocat ne nie pas les agissements de M. Jouhaud. Il
replace les actes dans le contexte de l'histoire et montre que Jouhaud faisait partie d'un
système plus vaste.